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Le « no-poo » est un terme de plus en plus connu. Si je le pratique depuis quelques années, cela fait finalement très peu de temps que j’y ai recours aussi intensément.

En octobre 2019, je me suis lancée dans le « No-Poo Challenge », qui consistait à ne se laver les cheveux qu’avec des poudres pendant un mois. Ce qui n’était qu’un test a finalement duré deux mois et m’a permis d’essayer sur une longue durée la variété des possibles et de découvrir les nombreuses vertus des poudres… Il fallait donc absolument que je vous parle de mon expérience, et que j’aborde avec vous la question plus générale du no-poo.

Dans cet article, je vous présenterai donc :

  • Pourquoi le no-poo : définition et fondamentaux
  • Les différents types de no-poo (water only, shampoing sec, lavage aux poudres – argiles, farines, poudres ayurvédiques)
  • Le « no-poo challenge » et les modalités de ce challenge suivi sur plus de deux mois ainsi que les recettes testées
  • les enseignements tirés après 2 mois de no-poo
  • les questions que je me pose encore au sujet du no-poo

Ces différentes catégories sont distinguées par des intercalaires, vous pouvez ainsi aller plus vite à la partie qui vous intéresse.

Accrochez vos ceintures et montez donc à bord de ce monde sans shampoing !

pourquoi le no poo

Pourquoi le no-poo ? Définition et fondamentaux

Le no-poo consiste à se laver les cheveux sans avoir recours à un shampoing.

L’hypothèse de départ, c’est que la plupart des shampoings contiennent des tensioactifs agressifs qui vont abîmer votre cuir chevelu et vos cheveux. Sur un cuir chevelu et des cheveux secs, le tensioactif va décaper, alors que ce n’est pas bienvenu. Sur un cuir chevelu gras, l’action décapante va avoir un aspect temporairement « positif » (retirer le sébum) : mais en décapant le cuir chevelu, il va sur-stimuler la production de sébum, et donc entraîner un cercle vicieux (mon cuir chevelu produit beaucoup de sébum donc je me le lave souvent -> mon cuir chevelu est décapé donc il produit du sébum).

Cet argumentaire concerne de nombreux shampoings, la plupart même. Cependant, je préfère préciser d’emblée qu’il existe des shampoings naturels doux qui ne rentrent en aucun cas dans cet argumentaire qui vise avant tout la cosmétique conventionnelle.

Par ailleurs, le shampoing est synonyme de plusieurs autres défauts : il est généralement contenu dans un flacon plastique, et qui dit flacon dit déchet. Se passer de shampoing pourrait donc à ce titre diminuer les déchets générés par la routine capillaire.

Enfin, en plus des tensioactifs agressifs contenus, le shampoing est souvent composé d’ingrédients :

  • polluants, et non solubles dans l’eau, dans le cas de shampoings conventionnels (que j’appelle « cracra »)
  • inutiles ? les shampoings sont en effet accompagnés d’ingrédients présents pour la texture du shampoing, pour aider au démêlage, hydrater, nourrir, alors que la fonction du shampoing est avant tout de laver. Tous ces ingrédients servent donc uniquement quelques dizaines de secondes, puis sont rincés quasi-immédiatement. Pourquoi alors ne pas se contenter d’un ingrédient lavant ?

C’est donc dans ces différents arguments que prend naissance le no-poo.

les différents no poo

Les différents types de no-poo

Le no-poo concerne différentes méthodes qui peuvent permettre de se passer de shampoing.

  • Le « Water Only » (eau seulement)

Le water only (que de termes en anglais dans cet article !) est la méthode la plus « extrême » du no-poo. Il s’agit de se passer de tout produit pour laver ses cheveux et de ne les laver qu’à l’eau, en utilisant une technique bien précise (alternance eau chaude et eau froide, brossage pour faire descendre le sébum si sébum il y a, rinçage au vinaigre de cidre). Je n’ai jamais testé cette méthode et ne me sens donc pas légitime pour vous en parler davantage…

  • Le lavage aux poudres :

C’est la méthode que j’ai privilégié pour m’essayer au no-poo. Il s’agit de laver ses cheveux en préparant une pâte à partir de poudres aux propriétés lavantes mélangées à de l’eau chaude, et en la laissant poser sur les cheveux.

Pour être plus précis, dans le cas de figure où vous préparez une pâte à mettre sur vos cheveux, 3 types de poudres différents peuvent être utilisés pour laver vos cheveux :

  • Les poudres ayurvédiques aux propriétés lavantes : il s’agit de racines, feuilles ou écorces réduites en poudre. Certaines ont des propriétés lavantes, en voici quelques-unes : Sidr, Shikakai, Amla, Reetha, poudre d’orange… ou encore le henné !
  • Les argiles, qui viennent laver en douceur et détoxifier le cheveu : argile verte, argile montmorillonite, argile bentonite, Ghassoul/Rhassoul, argile Multani Mitti, etc… Elles ont également la propriété de faire dégorger les colorations. Malgré tout l’amour que je leur porte, je vous les déconseille si vous avez les cheveux teints (naturellement ou non).
  • Certaines farines, qui contiennent des saponines, et peuvent donc laver vos cheveux ! C’est par exemple le cas de la farine de pois chiche, la farine de sarrasin ou la farine de quinoa.

Mode d’emploi d’utilisation des poudres : prenez une ou plusieurs poudres qui convien(nen)t le mieux, en vous assurant que l’une d’entre elles ait bien des propriétés lavantes. Mélangez-les à de l’eau chaude (mais pas bouillie !) jusqu’à obtention d’une pâte relativement lisse et homogène. Il est déconseillé d’utiliser des outils métalliques avec les poudres ayurvédiques et les argiles, cela peut en effet altérer leurs propriétés.

Dans l’idéal, vous pouvez mélanger une poudre lavante à une autre poudre qui contient des propriétés ciblées (volume, pousse, démangeaisons, etc). Je vous recommande de lire les fiches de sites spécialisés (Ma planète Beauté, Aroma Zone) pour découvrir les propriétés des différentes poudres. Vous pouvez également ajouter un ingrédient hydratant (miel, gel d’aloé vera, yaourt). En revanche, je déconseille d’ajouter de l’huile dans votre préparation. Une fois votre mélange prêt, répartissez la pâte sur vos cheveux préalablement mouillés (racines et longueurs) et laissez poser entre 15 minutes et une heure.

Vous n’aurez enfin plus qu’à rincer. Selon vos besoins, vous pouvez tout à fait passer directement passer à votre routine de coiffage habituelle, ou au contraire par la case masque profond. Certaines poudres pouvant parfois assécher les cheveux, soyez bien à l’écoute de vos besoins après rinçage. C’est bien simple : si vous sentez vos cheveux asséchés, vous pouvez faire un masque hydratant, si vos cheveux ont encore des résidus vous pouvez passer rapidement de l’après-shampoing : à vous de voir, il n’y a pas de règle stricte. Si vos cheveux sont déjà doux et comme le souhaitez, passez directement à la routine de coiffage.

  • Le shampoing sec naturel

Mes cheveux ne graissant pas, je n’ai personnellement pas essayé de faire des shampoings secs naturels, car je n’en ressens pas le besoin. Cependant je sais qu’il est possible de se faire un shampoing sec minute en se saupoudrant de la poudre aux racines à l’aide d’un pinceau à maquillage, dans le cas où vous auriez les racines grasses. Pour une chevelure blonde, vous pouvez utiliser la poudre d’orange. Pour une chevelure foncée, la poudre de cacao fait l’affaire.

no poo challenge

Le No-Poo challenge : modalités et recettes testées

Le « No Poo Challenge », lancé par la blogueuse Biotytips sur instagram fin septembre 2019, consistait à ne se laver les cheveux qu’avec des no-poo pendant un mois. J’ai décidé de tenter l’aventure… et de la prolonger un 2ème mois tellement ce challenge me plaisait. Il m’a permis de découvrir les poudres, de comprendre lesquelles plaisaient le plus à mes cheveux, mais aussi de vérifier leur efficacité sur moi.

J’ai testé différentes recettes, différents mélanges de poudres. Chaque personne étant différente, je ne ferais qu’une conclusion rapide. Ma poudre lavante préférée est la poudre de Sidr. Elle a une texture très agréable à appliquer, peut être montée en chantilly, ne dessèche pas. Celle qui me plaît le moins est la poudre de reetha : elle est trop agressive pour mes cheveux, trop décapante. Mais je sais qu’elle plaît à beaucoup. J’aime beaucoup l’amla également.

Pour les autres poudres (non lavantes) que j’ai incorporé dans mes pâtes, c’est très difficile d’en choisir une en particulier. Celles qui me plaisent le plus sont la guimauve, le kachur sughandi, la poudre de baobab et le fénugrec. L’hibiscus est aussi une belle découverte, mais je tester différents types d’incorporations.

Je vous reposte ici quelques mélanges que j’ai pu faire et les retours que j’avais fait à l’époque sur instagram (vous pouvez accéder aux posts même sans avoir de compte) :

  • 1er no-poo : shikakai, ortie, guimauve, et huiles essentielles de tea-tree et de menthe poivrée (vérifiez les contre-indications des h.e !), pour une action ciblée sur les démangeaisons du cuir chevelu
  • 2ème no-poo : sidr, amla, kachur sughandi : une combinaison que j’adore
  • 3ème no-poo : sidr, amla, spiruline et phytokératine, pour apporter des protéines aux cheveux
  • 4ème no-poo : un mélange shikakai-bicarbonate pour une action clarifiante avant la pose d’un henné qui a suivi juste après
  • 5ème no-poo : Sidr et poudre d’orange
  • 6ème no-poo : Sidr, guimauve et spiruline, le tout agrémenté d’un après-shampoing (ajouté dans la pate) et du gel d’aloé vera
  • 7ème no-poo : Amla, Kachur Sughandi et orange
  • 8ème no-poo: Reetha, orange et guimauve

Quelques autres soins lavants réalisés en dehors du contexte du no-poo challenge :

Si je devais vous donner une conseil, ce serait celui-ci : si vous désirez vous lancer, je vous conseille de commencer le no-poo en testant des mélanges simples de deux à trois poudres maximum (toujours en incluant une poudre lavante !), mais pas plus, afin de bien voir ce qui fonctionne sur vos cheveux.

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Les enseignements après 2 mois de no-poo

Si j’étais relativement dubitative en début de challenge, j’ai totalement adhéré au principe. C’est bien simple, je n’utilise plus de shampoing qu’une fois par mois (quand j’en utilise !). J’ai tellement été conquise par les poudres que j’en utilise beaucoup plus qu’avant et qu’elles ont largement remplacé le shampoing dans mes routines. Concernant les poudres non lavantes, en les incorporant à mes préparations, j’ai pu mieux les découvrir et tester leurs différentes propriétés. J’y ai donc davantage recours en guise de soin !

Pourquoi ? Tout simplement parce qu’après 2 mois à suivre ce challenge et me laver les cheveux avec des « no-poo », je n’ai jamais eu les cheveux aussi denses, gainés, et fortifiés ! J’ai connu une des pousses de cheveux les plus impressionnantes de ma vie, comme en témoigne cette photo :

évolution capillaireUne prise de longueur en un mois et demi : des cheveux denses et gainés

J’ai pu constater toute la capacité des poudres à laver les cheveux, même après avoir fait poser des bains d’huile. Moi qui était dubitative, j’ai donc eu la preuve de mes propres yeux que les poudres lavent réellement.

Vous l’aurez compris, dans mon cas : le no-poo : l’essayer c’est l’adopter.

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Des questions en suspens

Bien que j’ai adoré suivre ce challenge et que désormais, il me sera très difficile de me passer des poudres, je n’ai pu m’empêcher de me poser des questions.

Le No Poo est censé être plus écologique : en l’occurrence, si on se concentre sur les poudres, il suffit de se concocter une pâte végétale qui sert de shampoing. Pourtant je pourrais ajouter deux ombres à ce joli tableau :

  • Ces poudres arrivent souvent emballées dans des sachets plastiques. Bien qu’un sachet dure longtemps et qu’un sachet reste plus « léger » qu’un flacon en plastique, je ne peux m’empêcher de penser que ça reste un déchet. Néanmoins, de nombreux fournisseurs semblent avoir trouvé des alternatives d’emballage (sachet papier/kraft) et je m’en réjouis ! Par ailleurs, il semblerait que la vente de poudre « en vrac » se développe et que quelques commerces ou herboristeries en proposent.
  • Beaucoup de ces poudres ont une provenance lointaine. Il est certain que certaines poudres (argile, poudre d’orange, ou les farines) peuvent être locales, cependant cela est plus difficile de produire des poudres comme le baobab ou le Sidr en France.

Au regard de ces deux éléments : l’utilisation des poudres est-il écologique en comparaison d’un shampoing ?

En comparaison d’un shampoing traditionnel, il est certain que oui. En comparaison avec un shampoing naturel, j’avoue que je ne pourrais vous répondre. Cela pourrait faire l’objet d’une étude approfondie… Ce qui est sûr, c’est qu’en se tournant vers des argiles ou poudres françaises et des farines et/ou des poudres achetées en vrac ou en sachet papier, je pense que le bilan écologique est meilleur.

Quoiqu’il en soit, je suis convaincue par l’efficacité des poudres et je continuerai à avoir recours à cette méthode qui est désormais bien ancrée dans mes routines ! Et vous, êtes-vous prêt à tenter l’aventure ?

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