Au menu :

-Introduction : rappel de la différence entre crème chimique et minérale
-Le message porteur de révolution (et bullshit) de certaines marques
-Pourquoi c’est faux ? – et que ces crèmes n’apportent rien de nouveau (ni rien de bon à l’environnement)
-Et la santé ?
-En synthèse
-Quelques conseils pour la fin

I) Introduction

Comme vous le savez très certainement, il existe deux types de crèmes solaires, avec chacun un mode de protection différent :

  • Les crèmes solaires conventionnelles, souvent appelées « à filtres chimiques » (ou organiques récemment)

Elles reposent sur des filtres de synthèse.
Elles pénètrent la barrière cutanée.
Il faut compter environ une demi-heure pour qu’elles fassent effet et commencent à protéger.
Elles ont un impact sur la santé ET la biodiversité.

  • Les crèmes solaires naturelles, souvent appelées « à filtres minéraux »

Elles reposent sur des filtres minéraux, qui ne pénètrent pas la barrière cutanée s’ils ne sont pas sous forme nano-particulaires.
Elles agissent immédiatement.
On peut reprocher à certaines de laisser un fini blanc.

Je vous invite à retrouver ces explications sur mon articles précédent concernant les crèmes solaires.

II) Le message porteur de révolution (et bullshit) de certaines marques

Depuis quelques semaines/mois , vous assistez probablement à un défilé de marques qui prétendent avoir crée LA crème solaire naturelle magique…

…Une crème solaire naturelle sans effet blanc

Une crème solaire avec une nouveau filtre chimique qui serait non nocif (ou qui protégerait les coraux et autre genre de joyeusetés)

…« la plus naturelle des crèmes organiques »

Ils auraient trouvé LE filtre chimique nouvelle génération, que personne n’avait trouvé avant, qui leur permet de faire du naturel tout en étant chimique (wtf ?) sans impact sur la faune, la flore, ni sur Tata Monique, tout en étant « bien mieux que ces crèmes bio toute blanche vraiment pas oufs».

(oui, en plus il y a un bon vieux dénigrement du bio)

Ce n’est plus un défilé mais un véritable festival mêlant auto-congratulations et impressions de révolution pour le lecteur (sans compter tout le reste : greenwashing, fearmongering, techniques marketing habiles…)

Quelques exemples (Merci les publicités Instagram !) : les Petits Prodiges, Alphanova, Respire…

On notera l’emploi de termes ambigus «crème organique» (qui est un autre terme pour parler de filtre chimique), et d’autres revendications fortes

En fouillant un peu, et notamment en cherchant les fameux filtres magiques utilisés par ces marques, on s’aperçoit de deux choses :

1- Un caractère nouveau et un manque de recul bien utile pour les marques

Ces filtres sont relativement nouveaux, ce qui est un avantage considérable pour le discours des marques, puisque le manque de recul permet d’éviter des bons gros dossiers à charge, comprenez études qui prouvent leurs nocivité.

2-Des premières ressources documentaires qui prouvent que ce n’est pas fameux

Bien que ces filtres soient nouveaux, il existe tout de même des premières traces en littérature scientifique qui ne leur font pas vraiment honneur et qui viennent démentir leurs arguments.

III) Pourquoi c’est faux ? – et que ces crèmes n’apportent rien de nouveau (ni rien de bon à l’environnement)

Un simple petit passage sur La Vérité sur les Cosmétiques nous montre déjà que ce n’est fou (ici, la crème Les Petits Prodiges)

Ici, je n’ai laissé que les premiers ingrédients de la liste INCI, qui pour rappel sont ceux le plus présents dans le produit fini.

On identifie trois filtres majeurs :

-Le BIS-ETHYLHEXYLOXYPHENOL METHOXYPHENYL TRIAZINE

-Le DIETHYLAMINO HYDROXYBENZOYL HEXYL BENZOATE

-Le DICAPRYLYL CARBONATE, ETHYLHEXYL TRIAZONE

En fouillant un peu, les études existantes sont loin d’être aussi dithyrambiques que la communication des marques sur ces filtres.

Une enquête de Wecf France et Agir pour l’Environnement décortique ces trois filtres, en se basant notamment sur des études solides menées par des agences officielles telles que :
-L’ECHA, l’Agence Européenne des produits chimique
-L’Agence Danoise de protection de l’environnement

IV) Et la santé ?

Une autre question se pose concernant l’utilisation de ces crèmes chimiques « nouvelle génération ». Celle de la Santé.

Ces filtres sont des filtres de synthèse, ils ont donc –grossièrement- le même mode de fonctionnement que les filtres controversés. Ces crèmes ne fonctionnent donc pas comme les crèmes minérales.

  • 1er problème : l’impact à long-terme sur la santé

Ces filtres passent la barrière cutanée. Quid de leur impact de long-terme ?  Certains filtrent chimiques ont été retrouvés dans le sang, les urines, le placenta ou le lait maternel. D’ailleurs l’enquête du WECF montre des effets déjà prouvés sur la santé, études à l’appui.

  • 2nd problème : le risque d’une mauvaise utilisation

En laissant croire qu’elle sont naturelles, elles poussent les consommateurs à croire qu’elles ont le même fonctionnement. Hors, elle ne sont pas efficaces dès l’application, et un délai d’une demi-heure doit être respecté. De quoi laisser se créer quelques coups de soleil en attendant…

V) En synthèse

● Ces marques font passer leurs nouvelles crèmes solaires pour naturelles alors qu’elles sont et resteront chimiques

● Pire, elles jouent sur la sémantique pour faire croire à de la naturalité, en employant le terme « organique »

● Les marques profitent du caractère nouveau des filtres et du manque de recul et études existantes pour vendre

● Nouvelle génération ou pas, les filtres utilisés ont un impact sur l’environnement, prouvé par des études

● Certaines n’hésitent pas à pousser le mensonge en prétendant que leur crème sauve ou protège les océans

● Les filtres chimiques passent la barrière cutanée, et peuvent impacter la santé – aussi prouvé par des études

● Plutôt que nous prendre pour des pigeons, ces marques auraient mieux fait de passer du temps sur leurs formulations plutôt qu’à écrire leur discours bullshit.

VI) Quelques conseils pour la fin

Aucune crème solaire n’est parfaite, aucune n’a un impact zéro  sur l’environnement. Néanmoins, les crèmes minérales sont les moins pires, clairement.

On parlera souvent du sujet des nano-particules concernant les crèmes minérales. Sachez que la législation et la méthodologie actuelle des tests pour les détecter ne facilite pas la tâche, mais que beaucoup de marques s’engagent à ne pas avoir de particules nanos.

Si pour des raisons qui vous sont propres, aucune crème minérale ne vous convient, il vaut mieux vous protéger et recourir à des crèmes chimiques. Ce post n’est pas une critique envers vous mais contre ces marques qui sèment le flou et vendent avec des discours trompeurs

Si le sujet des crèmes solaires (vraiment) naturelle vous intéresse et que vous avez besoin d’aide pour être orienté, un article Banc d’Essai est disponible sur le blog (cliquez ici).

VII) Le banc des Accusés

Vous aurez probablement reconnu Respire, les Petits Prodiges, la Rosée, une des gammes d’Alphanova (à ma grande déception puisque je vous ai déjà recommandé leur version bio minérale)…

Si vous dénichez d’autres marques qui jouent à ce petit jeu, n’hésitez-pas à les indiquer en commentaires 😉