Bonjour à tous. Je suis ravie de vous accueillir sur le blog pour un nouvel article un peu spécial : un article Invité. Aujourd’hui, je laisse la plume à Aimie, qui a souhaité proposer un article pour le blog. Cet article, qui vous propose de mieux comprendre les différentes entre cosmétiques naturel et cosmétiques bio, vient en partie compléter celui sur le greenwashing publié il y a deux semaines. Je vous souhaite une excellente lecture !

Je suis Aimie, propulseuse de “louves cosméteusesⓇ”. J’aide les créatrices à déployer leur talent pour vendre leur cosmétiques comme de vraies pro même si elles démarrent de zéro. 

Retrouvez-moi sur mon blog pour pleins de conseils pour créer sa marque de cosmétiques facilement. 

Cosmétiques naturels, cosmétiques bios : est-ce vraiment la même chose ?

« – Ah bon ? Tu es sûre que c’est les deux à la fois ?
– Je ne sais pas ! Il y a vraiment une différence entre les deux ?
– OK, je vais t’expliquer. »

Cette conversation est fréquente dans mon quotidien. J’imagine que c’est pareil pour vous. 

Bio, labellisé, naturel… vous êtes perdu·e·s ? Et franchement il y a de quoi. Dans cet article je vais vous expliquer la différence entre le naturel et le bio. Parce que la barrière est mince et l’amalgame facile. 

Vous allez voir que les deux ne font pas forcément la paire. Alors comment s’y retrouver dans ce panel toujours plus grand de cosmétiques ? 

Il existe quelques astuces simples pour ne pas vous faire avoir.

Parce qu’on n’est pas des moutons ! (J’en profite pour faire un petit clin d’œil à Éléonore et pour la remercier de me laisser rédiger cet article invité sur son blog.)

Le bio et le naturel c’est la même chose ! 

J’entends ça trop souvent. Non, non, et re-non. Ce n’est pas la même chose! 

On fait facilement l’amalgame entre les deux tout simplement parce qu’on ne nous explique pas la différence entre les deux. 

Les différences sont nombreuses vous allez voir. Avant de rentrer en profondeur dans les explications, on va poser les bases: 

  • Naturel =  pourcentage (%) d’ingrédients naturels ou d’origine naturelle contenus dans le produit.
  • Bio = abréviation de biologique. Label et appellation soumis à une certification payante (et facultative pour les fabricants). 

N’est pas bio qui veut.

Que ce soit dans le cadre alimentaire, cosmétique ou même en agriculture, le « bio » répond de manière obligatoire à un label. 

Ce label est délivré par un organisme. Vous en connaissez certainement dans cette liste (non exhaustive) : Ecocert, Cosmebio, Nature & Progrès, Natrue (allemand) etc…

Bien que la mention “slow cosmétiques ne soit pas un label, je le place ici. 

Pourquoi ? À l’origine c’était une récompense délivrée à l’entreprise pour le choix de ses ingrédients de qualité et le respect de ses pratiques de fabrication et environnementales. L’entreprise reçoit (ou non) le prix du jury et devient lauréate. Seule une petite adhésion était nécessaire pour proposer ses produits sur le site. 

Aujourd’hui avec l’essor qu’a pris l’association, on parlera plus d’une vraie cotisation. À bon entendeur. 

La première chose à savoir c’est que ces organismes de certification Bio sont des organismes privés. Ils ne sont pas gérés par l’État, ce sont des lobbys (leur activité est à but lucratif). Ils sont libres d’établir des chartes tout en respectant la législation cosmétiques européenne, bien entendu.

Pour se faire apposer d’un des labels, il est nécessaire de respecter des points précis (en plus de payer une certification qui coûte chère). Deux nous intéressent particulièrement ici : celui des ingrédients et celui des conditions environnementales : 

  • Les ingrédients

Ils sont classés parmi deux listes (trois pour être précise) :

–Les ingrédients autorisés

–Les ingrédients interdits

(–Les ingrédients tolérés)

Cette troisième catégorie est un peu spéciale. Au-delà d’être « autorisés », les ingrédients sont soumis à un pourcentage maximum d’utilisation dans la formule.

Les ingrédients de ces trois listes sont différents selon les labels ! Chaque label a  ses exigences (et chacun sa cotisation annuelle). Certains sont plus tolérants, d’autres moins et pas toujours sur les mêmes points. Mais c’est un autre sujet…

Selon les labels, un pourcentage plus ou moins grand d’ingrédients d’origine biologique est obligatoire dans la composition du produit.

  • L’environnement

C’est notre deuxième point clé. Toujours selon les labels, les fabricants doivent respecter des critères environnementaux (pour le côté green):

–l’énergie utilisée pour la fabrication

–la gestion des déchets

–la composition des packagings (certains sont interdits). 

–les emballages en général sont passés au crible  (Le sur-emballage est interdit par exemple : vous savez, un rouge à lèvres en stick contenu dans une boîte en carton ? Deux boîtes = sur-emballage). 

Ces critères s’adaptent selon la taille de l’entreprise. Ce n’est pas un savonnier en auto-entreprise qui va pouvoir travailler avec des panneaux solaires, bien évidemment. À chacun ses moyens. 

Les deux font la paire

Quel que soit le prix payé, ou leurs exigences, les organismes font la pluie et le beau temps. 

Ce sont eux qui délivrent ou non le « sésame » que le fabricant pourra apposer sur son produit. 

Pour les consommateurs, ce label nous garantit que :

  • tous les points énoncés dans la charte sont respectés
  • aucun ingrédient interdit n’est présent
  • le laboratoire du fabricant et les dossiers des produits ont été contrôlés par des audits
  •  les matières premières et les produits ont des suivis de traçabilité stricts. 
  • Le pourcentage d’ingrédients d’origine naturelle contenu dans le produit est calculé par l’organisme de certification.

Vous voyez cette mention située sur l’étiquette à l’arrière près de la composition ? Retenez-là, on en parle plus bas.

Du greenwashing chez certaines petites marques

Le Greenwashing n’est pas réservé aux grandes marques. Certaines plus petites « surfent » aussi sur cette tendance green. Certaines par méconnaissance, et d’autres par « oubli volontaire ».  Vous allez voir les différences entre le bio et le naturel et ce qu’on ne vous dit pas.

  • Le bio 

Bien qu’étant très vigilante, je n’ai pas vu pour le moment de grandes entreprises utiliser le mot “bio” de manière illégale. 

Certes, comme le disait Éléonore dans son article «50 nuances de Greenwashing » à la nuance n°8 : ils sont borderline et abusent allègrement du mot “bio”. Mais malheureusement ils sont dans les clous de la loi. 

Alors que font les petites marques?

Elles utilisent le mot “bio” à tort et à travers. Comme par exemple dans ce shampooing solide dont j’ai flouté volontairement la marque (désolée pour elle si elle se reconnaît). 

« Shampoing solide bio ». Cette appellation est interdite (et passible d’une amende). Pour ces raisons :

  1. –elle n’a aucun label (« c’est-à-dire qu’aucun organisme de certification ne lui a apposé)
  2. si elle avait un label, cette appellation n’aurait jamais été conforme par l’organisme. 

Pourquoi? Parce qu’un shampooing solide ne peut pas être « bio » mais « certifié bio ». Pour être bio il faudrait que la composition soit 100 % d’un ingrédient bio. Par exemple un pot de « beurre de kokum bio » (contient seulement du beurre de kokum et RIEN d’autre). 

Pour tout le reste, il faut écrire “certifié bio”. Cependant il faudrait quand même le label pour écrire “bio” ou “certifié bio”. Donc pour notre exemple : “shampoing solide certifié bio” sur l’emballage avec le label est conforme. Les deux font la paire!

Je vous ai donné cet exemple vendu en parapharmacie et en pharmacie ! Pourquoi cette situation est-elle possible ? Tout simplement parce que les pharmaciens n’ont pas connaissance de la législation au niveau de l’étiquetage cosmétique. Et quid de la marque en question ? 

Pourquoi les petites marques font-elles ça ?

C’est très simple et ça se résume en trois catégories :

  1. par méconnaissance de la législation
  2. parce que certaines sont sans scrupule (oui, il y en a)
  3. parce qu’elles n’ont pas froid aux yeux. 

Et encore, je ne vous parle même pas d’une marque de cosmétique solide (que vous connaissez certainement) en Bretagne qui a laissé sur son site pendant plus de deux ans « certification bio en cours »… sans commentaire. 

Pour l’astuce : un produit cosmétique contenant du SCI ou du BTMS ne sera pas validé par un label « bio »; et ce, quelque soit le label ! (Ces deux ingrédients ne sont pas acceptés en “bio”).

Ça craint me direz-vous ? Mais vous allez voir, le pire est à venir .

Chassez le naturel…

Et là c’est le pompon de la cerise du gâteau qui fait déborder le vase. Vous voyez ? Il y a autant de variétés de pommes que de marques qui vous mentent sur le “naturel”. Pour les mêmes raisons que pour le bio : certaines savent, beaucoup ne savent même pas.

Vous savez, le pourcentage d’ingrédients d’origine naturelle que l’on retrouve derrière les boîtes. Devant même parfois. (je vous ai montré l’étiquette tout à l’heure). Pourquoi ça n’est pas possible (et encore une fois, amendable par la loi).

# Raison 1 – Ca pousse dans les arbres

Avez-vous déjà ramassé un shampooing solide dans la nature ? Non? Et dans un arbre ? C’est parce que le shampooing solide ce n’est pas naturel. 

Par contre « huile de coco naturelle » est une allégation conforme. Car même si c’est un produit physiquement transformé, il existe bien dans la nature. L’allégation “shampooing solide – 100% d’ingrédients d’origine naturelle” est conforme, elle. 

C’est tendancieux n’est-ce pas ? Mais c’est la loi!

#Raison 2 – ce sont des maths 

“100 % des ingrédients sont d’origine naturelle” ça se calcule ! Et le calcul n’est pas évident. 

Si le produit est bio, selon ce qu’on a vu précédemment, alors c’est l’organisme qui se charge de faire le calcul dans les règles de l’art.

Pour le fabricant de cosmétiques non labellisé, c’est beaucoup plus complexe : il faut prendre chaque ingrédient un par un et vérifier dans sa fiche fournisseur son indice de naturalité. Puis faire le calcul selon les proportions de sa formule. Un vrai casse-tête ! Surtout si on est pas très doué·e en maths.

La plupart des marques n’ont même pas conscience que cet indice existe ! Ou pire, ne savent même pas le lire.

Voici un gros scoop sur le SCI (Sodium Cocoyl Isethionate): ingrédient que l’on retrouve fréquemment (shampooing solide, dentifrice, nettoyant visage, etc.). Le SCI n’est pas 100% d’origine naturelle selon la fiche fournisseur. 

Autrement dit aucun cosmétique contenant ne serait-ce que 1 % de SCI ne peut se prévaloir d’être 100 % naturel. Si vous croisez un cosmétique qui se vante d’être 100 % naturel et qui contient ces ingrédients vous avez face à vous un exemple parfait de Greenwashing. 

Pour ne pas jeter la pierre trop vite, sachez que le fabricant n’est pas toujours au courant… par contre si l’inspecteur passe… 

# Bonus : Le petit nouveau 

Petite astuce : j’entends parfois les gens me dire : « c’est un cosmétique organique ». Bullshit. Ça ne veut rien dire. 

« Organic » C’est le mot « bio » en anglais. Il est soumis aux mêmes exigences en termes de labellisation. Donc si vous voyez un cosmétique qui écrit « shampoing solide organique » fuyez, ils n’y connaissent rien.

Petit disclaimer : 

J’ai lu dans l’article de ce blog sur la marque Respire : l’atout marketing des tests laboratoire sur les animaux.  Je vous fais un petit topo hyper rapide sur l’utilisation de cet argument : il est illégal. Oui carrément, n’ayons pas peur des mots.

Vous savez pourquoi? Faire tester les produits cosmétiques sur les animaux est interdit depuis 2013 en Europe.

Mettre en avant un argument alors que la loi l’interdit déjà est… illégal. 

C’est comme si vous alliez dans un magasin de chaussures et qu’on vous disait: “Garantie exceptionnelle : chez nous, toutes les boîtes ont les DEUX chaussures!”. Je vous laisse imaginer…

J’ai été ravie de publier cet article! J’espère que vous prendrez autant de plaisir à le lire que moi à le rédiger. Merci encore Eléonore pour cette invitation. 

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