I) Introduction

De plus en plus de marques apparaissent sur le marché et prétendent avoir pour mission de permettre une consommation plus éco-responsable. Souvent, elles ont des points communs :
– On les découvre sur internet ou à la télévision avec une communication tonitruante, et l’impression qu’ils apportent des solutions totalement disruptives
-Leurs discours laissent souvent croire que ces marques seraient les premières à proposer leurs services/produits

Leur stratégie marketing repose en partie sur les influenceurs. Selon un degré différent, elles mobilisent des influenceurs estampillés « Green » pour asseoir leur crédibilité auprès d’un public en quête de mieux vivre.
–> Mais que valent-elles vraiment
–> La réalité est-elle à la hauteur de leurs discours ?

Nous allons donc passer au crible des marques appartenant à cette même typologie : 900.CARE, La Rosée, Unbottled, Respire, Les Petit Prödiges…
Nota Bene : cet article est une copie d’un post fait sur Instagram. L’exercice limitant le contenu à 10 diapositives, je suis restée très synthétique. Si vous voulez des analyses complémentaires, n’hésitez-pas à me le faire savoir…

II) Le cas 900.CARE

La marque porte les messages suivants :
-Une salle de bain 100% écolo
-Proposer des produits bons pour votre corps et pour la planète
Effectivement, la marque propose un concept intéressant de cosmétiques à recharger via des doses de produits solubles… pour autant, plusieurs choses me dérangent car elle viennent complètement à l’encontre du discours affiché :
-Des compositions pas vraiment folles : du SCI (polluant à la fabrication et toxique pour ceux qui le produisent), du zinc citrate (polluant), des huiles hydrogénées (fabrication polluante)…
-Des flacons réutilisables en plastique (certes « recyclé ») : pas le matériau le plus écologique, qui se lavera moins bien, qui durera moins dans le temps : dommage pour faire perdurer le flacon…

Enfin, le plus choquant à mes yeux : la marque impose à un système d’abonnement obligatoire lors des achats en ligne : pas vraiment écolo ni très transparent envers le consommateur.
Combien de consommateurs se sont faits avoir ?
Pourquoi ne pas tout simplement le proposer en option ?

J’ai d’ailleurs lu des témoignages de personnes qui s’étaient retrouvées abonnées et défalquées de l’argent de leur compte après un achat à un salon !

Leur FAQ est un magnifique exercice de flûte. Tous les arguments ont été finement préparés pour justifier ce qui ne va pas…et mentir par omission.
Concernant l’abonnement obligatoire :

Recevoir des dentifrices tous les 30 jours, c’est vrai que c’est meilleur pour la Terre…

Selon la marque, cela permettrait de réduire les prix, qui ne sont pourtant pas vraiment bas pour une marque produite en masse (vendue en supermarchés, donc produite dans des quantités relativement élevées et bénéficiant en conséquence d’économies d’échelle à la production).

Concernant les compositions :

La marque laisse penser que ses ingrédients non naturels seraient indispensables en zoomant sur un argument santé pour jouer sur l’émotionnel……Alors que certains ne le sont absolument pas : le SCI (dont d’autres marques zéro-déchet savent très bien se passer) ou les parfums de synthèse…

La marque justifie la non-certification bio en raison du coût des ingrédients bios……alors que ses produits contiennent des ingrédients qui empêcheraient de toute façon la certification bio (par exemple le SCI) !!!

III) Le cas La Rosée

La marque porte les messages suivants :
-Des produits naturels
-Des compositions saines
-L’idée de préserver la planète en consommant ces produits

Tout d’abord, L’argument de « préserver la planète » n’est pas en phase avec une communication responsable et éthique, puisqu’un produit ne peut préserver la planète. Il peut au mieux avoir un impact « moins pire ». (je vous invite à lire du contenu sur la communication responsable, qui explique ça mieux que moi).

En creusant, les compositions ne sont pas si naturelles ou écologiques. Par ex, on trouve du Laureth-4 dans leur huile de douche (fabrication dangereuse et polluante) ou du Tetrasodium glutamate diacetate (fabrication polluante) dans leur savon…

Pire, concernant leur gamme solaire, ils font partie de ces marques prétextant apporter des crèmes qui « respectent les océans » grâce à des filtres organiques nouvelle génération… alors que ces filtres ont déjà quelques casseroles environnementales aux fesses.

(Plus d’information dans l’article dédié à ces prétendues « Crèmes solaires naturelles révolutionnaires »)

IV) Le cas Unbottled

Des compositions avec plusieurs ingrédients problématiques : des huiles hydogénées, du SCI, du Tetrasodium Glutamate Diacetateaux méthodes de mode de fabrication polluantes…

Des compositions sur étagère bien loin du discours laissant à penser qu’ils sont les seuls à vouloir révolutionner le solide. Ils ne créent rien mais passent simplement commande à des laboratoires (voir mon post dédié au sujet sur instagram).
Une communication poussive et peu mesurée par rapport aux produits proposés. Plusieurs arguments peuvent d’ailleurs vite être démontés, par ex :

-la référence aux Orangs-Outangs : trompeuse puisque leur base de shampoing solide contient très probablement de l’huile de palme via l’huile hydrogénée contenue dans les premiers ingrédients
le Made in France, qui ne concerne finalement que le montage final, le gros du produit étant produit à l’étranger (Cf toujours le même post)

-Enfin je rappelle que Yuka n’est absolument pas une référence en matière de décryptage cosmétique, et ce n’est pas du tout une certification engageante.

V) Le cas Respire

Je vous avoue avoir hésité à les mettre car je vous en ai déjà parlé, il y a un long article ici sur le blog à propos de leurs pratiques. Pour autant j’aurais trouvé ça injuste de ne pas rappeler qu’ils sont vraiment loin d’être recommandables. En synthèse :
Des compositions avec plusieurs ingrédients problématiques : des crosspolymer, des huiles hydogénées, du SCI, du Tetrasodium Glutamate Diacetate, des filtres de synthèse dans les crèmes solaires.
Des compositions sur étagère bien loin du discours laissant penser qu’ils ont disrupté le marché. C’est simple : ils ne développent rien ils passent des commandes auprès de laboratoires pour se fournir (dans  leurs effectifs, seule une personne travaille sur les produits…)
Une communication poussive et peu mesurée par rapport aux produits proposés, souvent proche du dénigrement de la concurrence vs des produits aux compositions peu nobles, chers, qui n’ont rien de nouveau.
-Le manque d’éthique de la com’ de lancement tournée autour d’une tumeur bénigne, parfois élargi au cancer par d’autres médias…
-Une incohérence sur le but de la marque. Tout argument est bon pour justifier qu’ils jouent sur tous les tableaux… : des solaires tantôt minérales tantôt de synthèse, des dentifrices avec ou sans fluor (avec à chaque fois une justification pour les arguments en fonction du sens du vent), des produits ‘zéro-déchet’ tandis que d’autres sont en format mini ou emballés…

VI) Le cas Les Petits Prodiges

C’est la marque que j’ai longtemps hésité à couvrir car à leurs débuts, à part la com’ parfois agaçante à mes yeux (ex de leur passage sur Brut où les fondatrices laissent l’impression d’être pionnières) et malgré des prix incompréhensibles sur leur baume, ne présentait pas trop de problèmes…
Entre temps, la gamme de produits s’est élargie, et quelques ingrédients problématiques sont arrivés : du SCI dans leurs shampoings solides par ex…

Le coup de grâce a été la sortie de leur gamme solaire. Ils ont lancé une crème solaire ‘naturelle révolutionnaire sans effet blanc’… basée sur des filtres de synthèse (les mêmes que ceux de la Rosée).

Pire, ils ont apposé un faux logo pouvant faire penser à un label indiquant « Respectueux des Océans ». Ce type de pratique est interdite et considérée comme Greenwashing… d’autant plus que comme nous l’avons vu, il a été prouvé que certains de ces filtres sont écotoxiques et persistants en milieu aquatiques ! ( cf : toujours le même article).

Enfin, la marque a tendance à mettre en valeur certains ingrédients présents en quantité minimes dans leurs produits  voire inexistants, comme par exemple son savon à la fleur de coton sans fleur de coton (même chose pour celui à l’amande)…

VII) En synthèse

Ces marques ont des stratégies reposant en grande partie sur la communication notamment via les réseaux sociaux.
Elles axent leur communication sur l’écologie mais leurs pratiques se rapprochent finalement du Greenwashing.
Si leurs compositions ne sont pas toujours ‘horribles’, on déplore que le travail soit bâclé et que les produits soient loin d’être alignés avec les messages grandiloquents.
Pire, ces marques vendent leurs produits plus chers que des marques artisanales alors qu’elles  bénéficient d’économies d’échelles et de compositions moins nobles.
Ces marques auraient mieux fait de passer du temps sur leurs produits plutôt que sur leur communication.
Elles participent à un nivellement par le bas du ‘naturel’ et à une hausse des prix mauvaise pour le consommateur.

VIII) Le mot de la fin

J’ai tenté de vous montrer la différence entre les discours et la réalité de ces marques de manière très synthétique.
Libre à vous d’avoir une échelle d’acceptation plus souple que la mienne sur leurs compositions, ou sur leurs pratiques…
Si vous souhaitez une analyse plus approfondie d’une marque, n’hésitez-pas à le dire !
D’autres marques cochent toutes les cases du sain, écolo-amical, et à prix attractif, et je préférerais qu’on entende plus parler d’elles. Je peux aussi faire un post dédié si ça vous intéresse.
N’hésitez-pas à aller lire les 2 posts que je mentionne pour mieux comprendre les discours trompeurs de certaines marques citées ici (Shampoings solides et Crèmes solaires révolutionnaires).
NB : certaines marques citées ici ont tenté de décrédibiliser voire de nuire à des personne les critiquant (moi inclue…)